Histoire
Colloque international - Les religions face aux théories et aux politiques de la «race» (XVe-XXIe siècle)
La "race" et le racisme en théologie mormone (XXe-XXe siècles)
Intervenant : Chrystal Vanel, EPHE / GSRL
La théologie raciste du mormonisme des XIXe-XXe siècles, comme la théologie protestante populiste américaine, entendait classifier des populations suivant des critères de malédictions ou de bénédictions divines, justifiant ainsi des discriminations. L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Église mormone ou mormonisme) est organisée aux États-Unis en 1830, sous la direction de Joseph Smith (1805-1830), suite à la publication du Livre de Mormon, qui narre les migrations d’israélites en Amérique en 600 avant Jésus-Christ, et leur division en deux groupes : les « gentils » Néphites, et les « méchants » Lamanites, dont la peau sombre rappelle l’antique malédiction. Leur lecture de l’Ancien Testament pousse les mormons à oeuvrer au rassemblement d’Israël sur la terre promise américaine. Être mormon, c’est alors être un descendant des tribus perdues d’Israël, en particulier de la tribu d’Éphraïm, les convertis au mormonisme étant alors pour majorité issus de Grande-Bretagne et des pays nordiques, et le mormonisme s’inspirant de l’israélisme-britannique (British Israelism) de la théologie protestante populiste. Le mormonisme s’inspire aussi de la théologie protestante raciste du XIXe siècle dans la place qu’il accorde aux Noirs : le sacerdoce leur est refusé jusqu’en 1978, alors qu’ils sont considérés comme des descendants maudits de Cham et Caïn. La place des Amérindiens et des Polynésiens est plus ambiguë. Les Amérindiens sont considérés comme des descendants de Lamanites, et donc d’Israël, qu’il faut convertir. Les peuples indigènes des îles du Pacifique sont vus comme des descendants d’Hagoth, un constructeur de bateaux néphite échoué sur une île du Pacifique.
Infos
- Vincent Vilmain
- Dec. 2, 2016, midnight
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